Le choix d'un revêtement de sol représente une décision cruciale dans tout projet d'aménagement ou de rénovation. Au-delà de l'aspect esthétique, ce choix détermine la durabilité, le confort et l'ambiance de chaque espace. Face à la multitude d'options disponibles sur le marché, il devient essentiel de comprendre les spécificités techniques et les caractéristiques propres à chaque matériau pour réaliser un investissement judicieux et pérenne. Les revêtements actuels offrent des performances techniques et environnementales sans précédent, transformant le sol en véritable élément architectural à part entière.
Les innovations constantes dans le domaine des revêtements de sol permettent aujourd'hui de concilier esthétique raffinée et fonctionnalités avancées. Des parquets traditionnels aux solutions biosourcées en passant par les céramiques haute résistance, chaque matériau possède ses atouts distinctifs qui le rendent plus ou moins adapté à certains espaces ou usages. Cette complexité technique s'accompagne également d'une dimension environnementale désormais incontournable dans tout choix éclairé de revêtement.
Typologie des revêtements de sol : caractéristiques et spécificités techniques
Les revêtements de sol se divisent en plusieurs grandes familles, chacune présentant des caractéristiques techniques et esthétiques spécifiques. La connaissance approfondie de ces propriétés est fondamentale pour effectuer un choix adapté à chaque espace de vie. Les matériaux naturels comme le bois ou la pierre offrent généralement une longévité remarquable et un cachet authentique, tandis que les solutions synthétiques se distinguent par leur facilité d'entretien et leur résistance aux contraintes quotidiennes.
La compréhension des normes techniques et des classifications propres à chaque type de revêtement constitue un prérequis indispensable pour évaluer objectivement leurs performances. Les différentes certifications et indices de qualité permettent de comparer efficacement les produits entre eux et d'identifier ceux qui répondront le mieux aux exigences spécifiques de chaque projet. Ces normes prennent en compte des facteurs tels que la résistance à l'usure, l'isolation phonique et thermique, ou encore la réaction au feu.
Parquet massif vs contrecollé : différences structurelles et durabilité
Le parquet massif, constitué d'une seule pièce de bois noble d'une épaisseur généralement comprise entre 14 et 23 mm, représente l'option la plus prestigieuse et durable. Sa longévité exceptionnelle permet plusieurs ponçages complets au cours de sa vie, avec une moyenne de 8 à 10 rénovations possibles pour un parquet de 20 mm d'épaisseur. Cette caractéristique en fait un investissement particulièrement rentable sur le long terme, malgré un coût initial plus élevé.
À l'inverse, le parquet contrecollé se compose de plusieurs couches distinctes : une couche d'usure en bois noble de 2,5 à 6 mm, un âme centrale en HDF ou contreplaqué, et un contrebalancement en déroulé de bois. Cette structure lui confère une meilleure stabilité dimensionnelle face aux variations hygrométriques et thermiques, réduisant significativement les risques de déformation. Le nombre de ponçages possibles dépend directement de l'épaisseur de la couche d'usure, avec généralement 1 à 3 rénovations envisageables pour les modèles standard.
La pose constitue également un facteur différenciant majeur entre ces deux types de parquets. Le massif nécessite généralement une fixation par clouage ou vissage sur lambourdes ou par collage en plein, impliquant souvent l'intervention d'un professionnel. Le contrecollé bénéficie quant à lui de systèmes de pose simplifiés comme les jointures à clipser, rendant l'installation accessible aux bricoleurs avertis. Cette différence impacte directement le coût global du projet et son délai de réalisation.
Carrelage céramique et grès cérame : classifications PEI et résistance à l'abrasion
Le carrelage représente une solution particulièrement prisée pour les espaces soumis à de fortes contraintes d'usage. La norme PEI (Porcelain Enamel Institute) constitue un indicateur essentiel pour évaluer la résistance à l'abrasion des carreaux émaillés. Cette classification s'échelonne de 1 à 5, où PEI 1 convient aux zones à trafic très faible comme les salles de bains privatives, tandis que PEI 5 désigne les carreaux adaptés aux espaces commerciaux à fort passage ou aux zones extérieures.
Le grès cérame, obtenu par cuisson à très haute température (environ 1250°C), se distingue par sa densité exceptionnelle et son taux d'absorption d'eau inférieur à 0,5%. Cette caractéristique, mesurée selon la norme EN ISO 10545-3, lui confère une résistance remarquable au gel, à l'humidité et aux taches, le rendant particulièrement adapté aux pièces humides et aux applications extérieures. Les versions pleine masse présentent une homogénéité structurelle qui permet de masquer les éventuelles rayures ou éclats.
Les finitions disponibles pour les carrelages modernes offrent une variété d'aspects visuels et de propriétés fonctionnelles. Les surfaces mates ou satinées minimisent la visibilité des traces et rayures tout en réduisant les risques de glissance. Les finitions polies ou lappato apportent quant à elles un aspect brillant et luxueux mais nécessitent un entretien plus régulier. Certains traitements hydrophobiques appliqués en usine renforcent encore la résistance aux taches et facilitent l'entretien quotidien.
Sols vinyles et LVT : composition, épaisseurs et classes d'usage
Les revêtements vinyles modernes se déclinent en plusieurs formats et technologies, avec des performances techniques adaptées à différents contextes d'utilisation. Les LVT (Luxury Vinyl Tiles) ou dalles vinyles haut de gamme se composent généralement de plusieurs couches stratifiées : une couche d'usure transparente en PVC pur (de 0,2 à 0,7 mm), une couche décorative imprimée, et un support stabilisé en PVC expansé ou compact. L'épaisseur totale varie généralement entre 2 et 5 mm selon les gammes et applications visées.
La classification des sols vinyles selon la norme européenne EN ISO 10874 (anciennement EN 685) définit précisément leur domaine d'emploi. Les classes 21 à 23 concernent l'usage domestique, de modéré à intensif. Les classes 31 à 34 s'appliquent aux environnements commerciaux, tandis que les classes 41 à 43 désignent les produits adaptés aux usages industriels. Un revêtement classé 33 conviendra par exemple parfaitement à des bureaux ou commerces à fort trafic, avec une durabilité généralement estimée entre 10 et 15 ans dans ces conditions d'utilisation.
Les technologies d'installation ont considérablement évolué, offrant désormais des solutions sans colle comme les systèmes à encliquetage ou les dalles auto-adhésives repositionnables. Ces innovations facilitent non seulement la pose mais également le remplacement partiel en cas de dommage localisé. Certains produits présentent également des sous-couches acoustiques intégrées, améliorant sensiblement le confort phonique avec des valeurs d'absorption comprises entre 15 et 20 dB selon les gammes.
Moquettes en fibres naturelles et synthétiques : densité et résistance au trafic
Les moquettes se distinguent par leurs fibres, naturelles ou synthétiques, qui déterminent largement leurs propriétés. Les fibres naturelles comme la laine offrent un confort thermique exceptionnel et une excellente régulation hygrométrique, mais présentent une sensibilité accrue aux taches et à l'humidité. Les fibres synthétiques telles que le polyamide (nylon) ou le polypropylène se caractérisent par leur résistance supérieure à l'usure et aux taches, avec des traitements anti-salissures souvent appliqués en usine.
La densité des fibres, exprimée en nombre de touffes par m² ou en poids de fibres par unité de surface, constitue un indicateur déterminant de la qualité et de la durabilité d'une moquette. Une moquette résidentielle standard présente généralement une densité de 1 000 à 1 500 g/m², tandis que les modèles commerciaux haute performance atteignent 2 000 à 2 500 g/m². Cette caractéristique influence directement la résistance à l'écrasement et la conservation de l'aspect esthétique dans le temps.
Les classifications de résistance à l'usage suivent la même logique que pour les sols vinyles, avec des classes domestiques (21 à 23) et commerciales (31 à 33). Ces indices sont complétés par des pictogrammes spécifiques indiquant la résistance aux roulettes de chaises, à l'usage dans les escaliers ou au chauffage par le sol. La hauteur du velours détermine également l'usage recommandé, les fibres courtes (3-5 mm) convenant aux zones à fort trafic, tandis que les velours plus hauts (7-12 mm) privilégient le confort dans les espaces résidentiels.
Béton ciré et résines : formulations et traitements de surface
Le béton ciré moderne se compose généralement d'un mortier fin enrichi en résines, appliqué en couches minces (2 à 3 mm par passe) sur un support préparé. Les formulations actuelles incluent souvent des adjuvants améliorant la flexibilité et réduisant les risques de fissuration, problématique historique de ce type de revêtement. L'application se réalise généralement en 3 à 5 passes, incluant primaire d'accrochage, mortier de base, mortier de finition et protections de surface.
Les résines époxy et polyuréthane représentent des alternatives techniques particulièrement adaptées aux environnements exigeants. Les systèmes époxy bicomposants offrent une résistance chimique exceptionnelle (pH de 3 à 12) et une dureté superficielle compatible avec les environnements industriels ou commerciaux intensifs. Les polyuréthanes se distinguent par leur flexibilité supérieure et leur résistance aux UV, évitant le jaunissement constaté sur certaines formulations époxy exposées au soleil.
Les traitements de surface jouent un rôle crucial dans la durabilité et l'entretien de ces revêtements. Pour le béton ciré, l'application d'un bouche-pores suivi d'une cire ou d'un vernis polyuréthane bi-composant assure l'étanchéité et la protection contre les taches. Les résines reçoivent généralement une couche de finition spécifique (topcoat) qui détermine l'aspect final (mat, satiné ou brillant) et renforce la résistance aux rayures et aux produits chimiques. Ces couches de protection nécessitent un renouvellement périodique, généralement tous les 2 à 5 ans selon l'intensité d'usage.
Critères de sélection d'un revêtement selon l'espace habitable
La sélection du revêtement optimal pour chaque espace nécessite une analyse précise des contraintes fonctionnelles spécifiques à la pièce concernée. Un salon familial, fréquemment utilisé, requiert une résistance à l'abrasion et une durabilité supérieures à celles d'une chambre d'ami occasionnelle. De même, les sollicitations mécaniques d'un hall d'entrée, point de passage obligé, diffèrent considérablement de celles d'un bureau à domicile. Ces paramètres d'usage déterminent en grande partie les caractéristiques techniques minimales requises.
Les conditions environnementales constituent un second facteur déterminant dans le choix d'un revêtement adapté. L'exposition à l'humidité, aux variations de température, à la lumière directe du soleil ou encore à certains agents chimiques peut accélérer significativement la dégradation de certains matériaux. La présence d'un chauffage par le sol impose également des contraintes spécifiques, notamment en termes de conductivité thermique et de stabilité dimensionnelle. Une analyse préalable rigoureuse de ces paramètres environnementaux permet d'écarter d'emblée les solutions inadaptées et de concentrer la recherche sur les options techniquement viables.
Pièces humides : solutions hydrofuges et classement UPEC
Dans les pièces humides comme les salles de bains et cuisines, le taux d'humidité élevé et les projections d'eau régulières imposent des revêtements spécifiquement conçus pour résister à ces conditions. Le classement UPEC constitue une référence incontournable pour évaluer l'adéquation d'un revêtement à ces environnements contraignants. Ce système codifie quatre paramètres essentiels : l'Usure liée au piétinement, la résistance au Poinçonnement causé par les meubles, la résistance à l'Eau et aux agents d'entretien Chimiques.
Pour les salles d'eau, un indice E3 minimum est généralement recommandé, indiquant une résistance à l'eau stagnante temporaire. Dans les zones de douche à l'italienne ou autour des baignoires, un indice E3 accompagné d'un traitement spécifique des joints ou idéalement un indice E4 devient nécessaire. Le grès cérame pleine masse, avec son taux d'absorption inférieur à 0,5%, représente une solution particulièrement adaptée, tout comme certains vinyles spécifiques dotés de sous-couches étanches et de joints thermosoudés.
L'étanchéité du support constitue un prérequis indispensable dans ces espaces, indépendamment du revêtement choisi. L'application d'un système d'étanchéité liquide (SEL) ou de membranes d'étanchéité sous carrelage (SPEC) permet de protéger efficacement la structure du bâtiment contre les infiltrations. Ces dispositifs, normalisés selon le DTU 52.2, doivent impérativement être mis en œuvre conformément aux prescriptions des fabricants pour garantir leur efficacité à long terme et la pérennité de l'ouvrage.
Espaces à fort passage : indices d'usure et résistance mécanique
Les zones soumises à un trafic intense comme les entrées
, les halls et couloirs requièrent des revêtements capables de supporter un usage intensif sans dégradation prématurée. L'indice d'usure, symbolisé par la lettre U dans le classement UPEC, fournit une indication précise de cette capacité de résistance. Pour ces zones à fort passage, un indice U3 minimum est généralement recommandé pour un usage résidentiel, tandis qu'un indice U4 devient nécessaire pour les applications commerciales ou collectives.
La résistance au poinçonnement, représentée par l'indice P, évalue la capacité du revêtement à conserver son intégrité face aux charges statiques et dynamiques. Dans les espaces recevant des meubles lourds ou soumis à des déplacements fréquents d'objets, un indice P3 constitue un minimum. Les carrelages en grès cérame et certains vinyles techniques atteignent des indices P4, particulièrement adaptés aux environnements exigeants comme les boutiques ou espaces de réception.
Au-delà de ces classifications normalisées, certaines caractéristiques techniques spécifiques méritent attention. La résistance à l'abrasion, mesurée selon différentes méthodes en fonction du type de revêtement (test Taber pour les vinyles, méthode PEI pour les carrelages émaillés), constitue un indicateur complémentaire pertinent. Pour les parquets et sols stratifiés, l'indice d'abrasion AC (Abrasion Class) s'échelonne de 1 à 6, un indice AC5 étant recommandé pour les zones à fort passage comme les entrées et couloirs.
Chambres et espaces de repos : isolation phonique et thermique
Dans les espaces dédiés au repos comme les chambres, le confort acoustique et thermique prend une importance prépondérante. L'isolation phonique d'un revêtement de sol se mesure principalement par sa capacité à absorber les bruits d'impact (∆Lw) et à réduire leur transmission aux étages inférieurs. Les moquettes offrent naturellement les meilleures performances dans ce domaine, avec des valeurs d'absorption pouvant atteindre 25 à 30 dB. Les sols stratifiés et parquets flottants nécessitent quant à eux l'ajout d'une sous-couche acoustique pour atteindre des performances satisfaisantes, généralement entre 18 et 22 dB.
Le confort thermique au pied constitue également un critère déterminant pour ces espaces où l'on circule fréquemment pieds nus. Cette sensation est directement liée à l'effusivité thermique du matériau, propriété physique qui caractérise sa capacité à échanger de la chaleur avec le corps. Les bois et textiles présentent naturellement une faible effusivité, créant une sensation de chaleur au contact. À l'inverse, les carrelages céramiques et pierres naturelles, matériaux à forte effusivité, produisent une sensation de fraîcheur qui peut s'avérer désagréable dans une chambre, sauf en présence d'un chauffage par le sol.
La compatibilité avec un système de chauffage par le sol représente un paramètre technique important à considérer. La résistance thermique (R) du revêtement doit idéalement rester inférieure à 0,15 m²K/W pour garantir l'efficacité énergétique du système. Les carrelages minces, avec des valeurs R typiquement comprises entre 0,01 et 0,03 m²K/W, offrent d'excellentes performances de transmission thermique. Les parquets et stratifiés modernes spécialement conçus pour ces applications présentent généralement des valeurs R optimisées, inférieures à 0,10 m²K/W, combinant ainsi confort naturel du bois et efficacité énergétique.
Extérieurs et terrasses : résistance au gel et antidérapance R9 à R13
Les revêtements destinés aux espaces extérieurs doivent répondre à des exigences particulièrement strictes en matière de résistance aux intempéries et de sécurité. La résistance au gel, primordiale dans les régions sujettes aux températures négatives, s'évalue par la capacité du matériau à supporter des cycles répétés de gel-dégel sans dégradation structurelle. Les carrelages spécifiquement conçus pour l'extérieur présentent un taux d'absorption d'eau extrêmement faible, généralement inférieur à 0,5%, limitant ainsi les risques d'éclatement liés à l'expansion de l'eau lors du gel.
L'antidérapance constitue un critère de sécurité essentiel pour ces espaces exposés à la pluie ou aux projections d'eau. La norme allemande DIN 51130, largement adoptée en Europe, établit une classification R qui s'échelonne de R9 (faible résistance au glissement) à R13 (très forte résistance). Pour les terrasses et plages de piscine, un classement minimum R11 est généralement recommandé. Ce classement peut être complété par la norme DIN 51097, spécifique aux zones pieds nus mouillées, qui définit trois classes (A, B, C) d'adhérence croissante.
La résistance aux UV représente également un facteur déterminant pour la conservation de l'aspect esthétique dans le temps. Certains matériaux comme les composites bois-polymères (WPC) ou les pierres calcaires peuvent présenter des altérations significatives de teinte sous l'effet prolongé du rayonnement solaire. Les céramiques et grès émaillés bénéficient généralement d'une excellente tenue aux UV, tout comme les pierres dures type granit ou quartzite. Pour les bois naturels, l'application régulière d'huiles ou lasures protectrices contenant des filtres UV devient indispensable pour ralentir le grisaillement naturel des fibres.
Tendances 2023-2024 des revêtements de sol
L'évolution des tendances en matière de revêtements de sol reflète à la fois les avancées technologiques du secteur et les nouvelles aspirations esthétiques et environnementales des consommateurs. Les récentes innovations permettent désormais de concilier des exigences autrefois contradictoires : authenticité visuelle et facilité d'entretien, caractère artisanal et résistance technique, naturalité et durabilité. Ces tendances s'inscrivent également dans une recherche plus large de personnalisation des espaces de vie et de connexion avec des valeurs de durabilité et de bien-être.
Les fabricants répondent à ces attentes par des collections explorant de nouvelles dimensions esthétiques : réinterprétation de matériaux traditionnels, développement de formats inédits, travail sur les textures et finitions sensorielles. Cette créativité s'accompagne d'une attention croissante portée à l'impact environnemental des produits, avec le développement de solutions recyclables, à faible empreinte carbone ou incorporant des matières premières biosourcées. Ces innovations techniques ouvrent de nouvelles perspectives créatives pour les architectes et décorateurs, tout en répondant aux préoccupations écologiques contemporaines.
Terrazzo et granito : le retour des matériaux composites italiens
Le terrazzo, technique décorative italienne remontant au XVe siècle, connaît une renaissance spectaculaire dans l'architecture contemporaine. Ce matériau composite, constitué de fragments de marbre, granit, verre ou quartz liés par un ciment teinté et poli, incarne parfaitement la tendance actuelle alliant héritage artisanal et expression contemporaine. Sa version moderne se caractérise par des granulats plus imposants (macro-terrazzo) ou des combinaisons chromatiques audacieuses s'éloignant des teintes traditionnellement sobres de ce matériau.
Les innovations techniques ont considérablement simplifié la mise en œuvre du terrazzo, autrefois exclusivement coulé sur place. Les dalles préfabriquées en terrazzo proposent aujourd'hui des épaisseurs réduites (jusqu'à 10 mm) facilitant leur intégration dans les projets de rénovation. Parallèlement, les formulations à base de résines époxy ou polyuréthanes ont amélioré la résistance aux fissures, point faible historique du terrazzo traditionnel à base cimentaire. Ces nouvelles compositions offrent également une palette chromatique quasi illimitée et une résistance supérieure aux taches.
Cette tendance s'étend au-delà du matériau authentique, avec l'apparition de nombreuses imitations en céramique ou vinyle reproduisant l'esthétique caractéristique du terrazzo. Ces alternatives, considérablement plus accessibles en termes de prix et de mise en œuvre, démocratisent cette esthétique tout en offrant des performances techniques adaptées à différents usages. Les carrelages effet terrazzo en grès cérame, par exemple, combinent l'aspect visuel recherché avec une résistance optimale à l'usure et aux taches, idéale pour les espaces commerciaux ou résidentiels à fort passage.
Parquets XXL et point de hongrie : nouvelles dimensions et poses
Les formats XXL révolutionnent le monde du parquet avec des lames atteignant désormais des longueurs exceptionnelles de 3 à 5 mètres et des largeurs de 30 à 50 cm. Ces dimensions impressionnantes créent un impact visuel majestueux et réduisent significativement le nombre de joints visibles, conférant une sensation d'ampleur aux espaces. Cette tendance, initialement réservée aux projets haut de gamme en raison des contraintes techniques qu'elle impose, se démocratise progressivement grâce à des solutions d'ingénierie avancées permettant de maintenir la stabilité dimensionnelle de ces pièces de bois exceptionnelles.
Parallèlement, les poses traditionnelles comme le point de Hongrie et la bâton rompu connaissent un renouveau spectaculaire. Ces motifs géométriques, historiquement associés aux demeures prestigieuses, se réinventent dans des interprétations contemporaines : angles modifiés (60° ou 45° au lieu des 90° traditionnels), combinaisons de largeurs ou de teintes différentes créant des effets visuels rythmés et dynamiques. Les fabricants proposent désormais des systèmes pré-assemblés facilitant considérablement la mise en œuvre de ces motifs complexes, autrefois réservés aux poseurs les plus expérimentés.
Les finitions évoluent également vers plus de naturalité et d'authenticité. Les traitements à l'huile mate, qui préservent l'aspect brut du bois et sa texture tactile, dominent largement le marché haut de gamme. Les techniques de vieillissement contrôlé (brossage profond, sciage, brûlage contrôlé...) permettent de reproduire l'aspect vécu des parquets anciens tout en bénéficiant des avantages techniques des productions modernes. Cette recherche d'authenticité s'étend aux essences utilisées, avec un intérêt renouvelé pour les bois locaux européens comme le chêne, le noyer ou le frêne, valorisés pour leur caractère unique et leur moindre impact environnemental.
Carreaux de ciment et zellige : motifs géométriques et influences méditerranéennes
Les carreaux de ciment, initialement popularisés au XIXe siècle, poursuivent leur renaissance entamée il y a quelques années. Cette tendance évolue désormais vers des interprétations plus contemporaines des motifs traditionnels : géométries simplifiées, coloris actualisés, compositions modulaires permettant des installations personnalisées. La maîtrise technique croissante des fabricants permet aujourd'hui des réalisations d'une finesse remarquable, avec des dessins complexes et des dégradés subtils impossibles à obtenir avec les méthodes de production traditionnelles.
Le zellige marocain, céramique émaillée artisanale caractérisée par ses irrégularités et reflets lumineux, s'impose comme une tendance majeure inspirée par l'engouement pour les influences méditerranéennes. Traditionnellement limité aux murs, ce matériau s'invite désormais au sol dans les espaces à trafic modéré, apportant une touche d'authenticité et de raffinement. Les variations naturelles de teinte et de texture propres à ce matériau artisanal créent des surfaces vivantes aux reflets changeants selon l'angle de vue et l'éclairage, introduisant une dimension sensorielle unique.
Ces matériaux traditionnels inspirent également les fabricants industriels, qui proposent désormais des carrelages reproduisant fidèlement l'esthétique du zellige ou des carreaux de ciment, tout en offrant les avantages techniques de la céramique contemporaine : résistance supérieure, entretien simplifié, coût réduit. Ces interprétations modernes permettent d'intégrer ces esthétiques dans des contextes d'utilisation plus exigeants, comme les espaces commerciaux ou les zones humides, où les matériaux originaux présenteraient des limitations techniques.
Sols biosourcés : liège, bambou et matériaux recyclés tarkett et forbo
Le liège s'affirme comme une solution particulièrement innovante dans le segment des matériaux biosourcés. Naturellement élastique, ce matériau offre un confort de marche exceptionnel et d'excellentes propriétés d'isolation thermique et acoustique. Les technologies actuelles permettent de dépasser l'esthétique traditionnelle du liège grâce à des traitements de surface et des impressions numériques haute définition reproduisant diverses essences de bois ou motifs décoratifs. Les systèmes d'installation flottante avec joints clipsables ont considérablement simplifié la pose, rendant ce matériau accessible aux applications DIY.
Le bambou, avec sa croissance exceptionnellement rapide (maturité atteinte en 5 à 7 ans contre 80 à 120 ans pour un chêne), représente une alternative écologique aux bois traditionnels. Les procédés de densification permettent d'obtenir un matériau d'une dureté remarquable, supérieure à celle de nombreuses essences de bois dur, idéal pour les zones à fort passage. Les innovations récentes incluent des traitements améliorant la stabilité dimensionnelle, point historiquement faible de ce matériau, et des finitions résistantes aux rayures et à l'humidité élargissant son domaine d'application.
Les grands industriels comme Tarkett et Forbo se positionnent à l'avant-garde de l'innovation durable avec des solutions incorporant des matériaux recyclés post-consommation ou post-industriels. La collection iQ Natural de Tarkett, composée à 97% de matières premières naturelles incluant de l'huile de ricin, propose une alternative biosourcée aux sols vinyles traditionnels.